La créativité est un outil puissant pour accompagner la reconversion professionnelle. Elle peut aussi en être le résultat, pour les personnes qui ont envie d'avoir un métier passion.
Assise en face d’une jeune ingénieure un après-midi de rentrée, dans la petite salle cosy que je loue dans mon espace de coworking à Annecy, je l’écoute attentivement. Elle souhaite (déjà) changer de travail, alors que c’est son premier poste en CDI. Elle paraît impatiente de trouver une solution. Appelons-la Sophie.
À son retour des vacances, qui est aussi son retour de congé maternité, Sophie a découvert ne plus éprouver aucune envie de faire son travail. La maternité l’a sensibilisée aux méfaits sur la santé des perturbateurs endocriniens contenus dans les produits du quotidien, y compris destinés aux bébés. L’actualité liée au changement climatique la préoccupe. «L’autre jour, en visio avec nos fournisseurs chinois, je me suis vue de l’extérieur. Me voilà, je fais de la recherche et développement dans les matières plastiques, et je génère des allers-retours en cargo, puis en camion, sur des milliers de kilomètres. Je ne peux plus faire ça, je n’en ai plus envie, je suis dégoûtée. J’en ai presque honte.»
J’écoute Sophie. J’écoute aussi Maxime, éducateur spécialisé de 29 ans qui n’avait plus envie de passer des heures sur Excel ; Marc, acheteur de 34 ans qui se dit pressurisé par son manager ; Éléonore, comptable de 50 ans dans l’assurance qui n’arrive pas à s’adapter aux nouvelles méthodes de travail depuis l’énième fusion d’entreprise. Et je me pose, comme toujours, la même question : qu’est-ce que le monde du travail a à proposer à ces personnes en quête de sens ? Quel est mon rôle : les accompagner dans leur transition professionnelle en faisant comme si c’était facile de le trouver, ce sens ? Ou les bousculer un peu, les mettant face à soi-même, et à la réalité ? Car il faut l’avouer : une reconversion professionnelle en 2023, bientôt 2024, pour une personne (très) qualifiée, c’est compliqué.
Ce n’est pas le métier en soi, ce ne sont pas seulement les conditions de travail, les relations toxiques ou le secteur polluant qui posent problème aux personnes souhaitant se reconvertir aujourd’hui, et qui viennent me voir. De plus en plus, c’est le mode de fonctionnement des organisations qui ne leur convient plus. Selon le métier de départ, ces personnes jettent le dévolu sur un type d’organisation qu’elles perçoivent différent, et meilleur, de la sienne. Mais ce n’est qu’un jeu de miroirs.
Les salarié.e.s du privé se méfient, en majorité, des autres entreprises privées, même de celles qui œuvrent dans des secteurs dits « vertueux » comme l’environnement. Ce sont les secteurs du (para)médical, du social, et de l’enseignement qui les attirent, dans le salariat ou l’entrepreneuriat. Or, j’accompagne aussi des médecins, des infirmières, des travailleur.e.s dans le social, des enseignant.e.s. Ces personnes sont très nombreuses à se plaindre des méthodes productivistes de leurs organisations et souhaitent, elles aussi, se reconvertir. On « donne » trois ans en général aux personnels reconvertis du privé au soin public pour se rendre compte que les mêmes problèmes sévissent dans les deux mondes (d’après mes échanges directs avec des professionnels).
Cette crise du sens au travail, qu’il soit exercé dans des secteurs vertueux ou pas, grossit de plus en plus les rangs des personnes en reconversion. Vers quels univers professionnels se diriger ? Quel itinéraire tracer sur cette page blanche ? Quelle méthode de reconversion professionnelle utiliser ?
En matière de choix d'univers professionnel, j’ai constaté deux grandes tendances parmi les personnes que j’ai accompagnées depuis trois ans et demi. La première, c’est le choix de l’entrepreneuriat indépendant dans un métier en relation avec le vivant : bien-être des personnes ou animaux ; artisanat ; agriculture. Ce choix implique une révision du niveau de vie actuel, souvent élevé pour compenser les frustrations liées au travail (voyages, shopping). La deuxième tendance implique une révision du mode de vie au global: il s’agit de relativiser la place du travail dans sa vie. C’est un double choix. D'une part, le choix d’une activité alimentaire qui peut ou pas avoir de sens (vendeur.e, secrétariat médical, caisse en magasin bio) et qui pourvoit les revenus nécessaires. En parallèle, le choix d'une activité humanitaire (en milieu associatif) et/ou artistique où exprimer et développer ses ressources.
Plus le temps passe, plus je suis convaincue que le rôle d’une accompagnante en transition professionnelle est celui de mettre chaque personne en face d’elle-même et de la réalité. De l’aider à tisser un lien singulier entre sa demande de sens, à l'intérieur de soi, et l’offre de sens qui provient de l’extérieur. À imaginer à qui elle a envie d’apporter une contribution tout en assouvissant son besoin de réalisation personnelle.
Chaque solution est unique, et chaque transition professionnelle est un défi. Les techniques de créativité aident à relever ce défi et à trouver des solutions originales et pertinentes. Parmi ces techniques, la marche d’inspiration est particulièrement efficace parce qu’elle met en relation avec l'extérieur, et plus particulièrement avec le vivant, relation à laquelle beaucoup de personnes en reconversion aspirent. Dans la marche d’inspiration, cette relation apporte plein d’idées pour le changement professionnel et de vie. Et peut aussi faire naître des vocations artistiques !
Je suis Chiara, créatrice d'Art de l'Itinérance. J’accompagne les personnes en quête de sens à trouver leur voie par la marche d’inspiration et d'autres techniques de créativité. J’interviens en atelier collectif de transition professionnelle, en bilan de compétences et en accompagnement personnalisé vers la création d’une activité indépendante.
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