Depuis plusieurs années désormais nous entendons parler de "sens au travail", et nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à être d'accord sur la nécessité de le trouver.
Plus encore, nous parlons de ce sujet dans nos publications, nous le revendiquons en entretien d'évaluation, ou chez la consultante en transition professionnelle (je sais de quoi je parle !)
Comme souvent lorsqu'il y a débat autour d'une notion qui semble passionner les esprits, les personnes concernées s'impliquent sérieusement et à juste titre dans celui-ci, sans avoir pris le temps de définir le sens qu'a pour elles ou eux la notion qui fait l'objet du débat (j'en veux pour preuve: les débats sur la laïcité ... vous voyez maintenant de quoi je parle!)
Alors, quand le sens à définir est celui de la notion de ... sens, vous imaginez la nécessité de le faire au plus vite !
Car le sens au travail n'est pas le même pour tout le monde, loin (très loin!) de là. Il est strictement lié aux raisons pour lesquelles la personne n'a plus de motivation à aller travailler. Et ces raisons sont multiples, elles dépendent d'un tas de facteurs très divers comme par exemple l'âge, ou le secteur professionnel.
D'après mon expérience, il y a au moins 5 acceptions du sens du... sens au travail:
Un travail utile. Je ne parle pas uniquement de l'utilité humaine ou sociale, qui fait bien sûr partie de cette acception, et qui inclut l'aide médicale, humanitaire, l'assistance sociale, ou le soutien aux tâches et besoins du quotidien (assurance, banque, notaire, immobilier par exemple). Il peut s'agir aussi tout simplement d'être utile à l'entreprise ou organisation pour laquelle on travaille. Je reçois parfois de personnes qui s'ennuient ferme car elles n'ont tout simplement pas assez de travail, qui se demandent qu'est-ce qu'elles font là, et qui peuvent même finir par faire un burn-out à cause de leur sentiment d'inutilité.
Un travail respecté. J'avoue que depuis que j'exerce le métier de consultante en transition professionnelle, j'ai bien déchanté. J'entends encore trop souvent parler de harcèlement au travail: mysoginie, comportement offensant, coups bas, ... (franchement est-on des adultes ou pas ? bon, c'est un autre débat). Même si mon job consiste à transférer un maximum de pouvoir d'action à la personne qui me consulte, et donc à ne pas perdre du temps à recriminer son manager ou ses collègues de travail, il n'empêche que le manque de reconnaissance et les relations toxiques au travail sont une motivation importante de reconversion professionnelle, et qu'il faut les reconnaître et les verbaliser.
Être à sa place au travail. Je n'imaginais pas, avant de m'occuper de reconversion professionnelle, qu'il y avait autant de personnes qui travaillaient très loin de leur zone de confort. Les raisons sont multiples: par loyauté familiale ou pression sociale, elles ont fait des études qui ne correspondent pas à leurs intérêts et talents ; au moment de choisir leur voie professionnelle, elles étaient très (trop) jeunes, ou traversaient une période de confusion, ou de nécessité économique ; leur entreprise ou organisation a beaucoup changé au cours des années, à cause par exemple d'une fusion. De manière subtile, presque imperceptible, elles ont appris à se suradapter; à jouer un rôle extrêmement fatiguant. Conséquences: elles manquent de confiance, se sentent illégitimes (syndrome de l'imposteur, bonjour!) car elles ne puisent pas dans leur véritables ressources, et finissent souvent, elles aussi, par faire un burn-out.
Un bon équilibre vie pro-vie perso. À l'opposé des personnes qui s'ennuient, parce qu'elles n'ont pas assez de travail, il y a les personnes qui ont trop de travail. Qui sont en surcharge, travaillent très tard, le week-end, n'arrivent plus à déconnecter même pendant les vacances. Le travail n'a plus de sens pour elles car il envahit toutes les sphères de leur vie. Il est à la maison sur leur portable ou bureau de télé-travail, il empiète sur leur santé en causant angoisses et autres maladies psychosomatiques, il s'immisce dans les relations de couple et familiales car rend absent et distant, il empêche d'avoir des activités extra-professionnelle faute de temps et énergies. Ça peut satisfaire, certes, valoriser, même, et rapporter gros, mais ça n'a pas de sens, reconnaissons-le, de perdre sa vie à la gagner.
Un travail écologique. Les jeunes générations sont très sensibles à l'impact écologique de leur travail. Je parle notamment des métiers liés de près ou de loin à l'industrie. Au bout d'un certain nombres de négociations avec des fournisseurs situés à l'autre bout du monde pour réduire à l'os des coûts, c'est compréhensible, des questions existentielles peuvent surgir. Et si le changement commençait du bas ? Et si je faisais ma part de colibrì ? Et si je travaillais pour préserver le vivant (la planète, les êtres humains, les animaux, la biodiversité ...) au lieu de le détruire ?
J'avoue, je suis très inspirée par les jeunes générations.
Je suis d'accord avec elles, le sens principal du travail pour moi consiste à préserver le vivant, ou, a minima, à ne pas nuire.
Je suis convaincue de cela car un travail écologique est aussi un travail qui recouvre les autres sens du travail. Le vivant à préserver, c'est aussi nous, les êtres humains, et notre équilibre de vie. C'est aussi ce qui fait de nous des êtres singuliers, qui peuvent apporter une contribution unique au monde, pour peu qu'on nous laisse l'exprimer, quitte à aller à l'encontre des attentes de notre famille ou de notre milieu social. Le respect du vivant est aussi le respect réciproque dans l'environnement de travail, la capacité à se mettre à la place de l'autre, à comprendre, accueillir et accepter sa singularité et sa valeur. Et enfin, respecter le vivant c'est aussi savoir valoriser et honorer la disponibilité et les compétences de chaque personne.
Mais un travail qui préserve le vivant, ou a minima qui ne lui nuit pas, est aussi, probablement, un travail qui a moins d'importance dans nos vies, ne serait-ce que parce que la consommation (et donc plusieurs pans de l'industrie) aurait moins d'importance, puisqu'elle nuit grandement à la planète.
Si on arrivait à donner ce sens au travail, si on arrivait à faire du travail un maillon essentiel de la préservation du vivant, et qu'il avait moins d'importance dans nos vies, alors on pourrait toutes et tous se dédier à la recherche d'un sens beaucoup singulier et enthousiasmant pour toutes les sphères de sa vie. Ce sens singulier serait un thème, un sujet, qui nous passionne. Et qui pourrait colorer aussi - voir surtout - les autres sphères de notre vie. À quoi pourrait-il bien correspondre pour vous ?
Pour vous inspirer dans cette quête de sens singulier pour votre travail, je vais vous raconter brièvement mon histoire. Quand il s'est agi de choisir un lycée, je voulais m'orienter vers des études professionnelles dans le tourisme; mes parents ont tout fait pour que j'intègre une filière générale, de laquelle je suis sortie avec une note assez basse. J'ai poursuivi mes études, puis ma carrière, avec la sensation de ne jamais être à ma place, alternant entre la recherche universitaire (dans le tourisme notamment) et le marketing (dans les cosmétiques). Pendant une des périodes "cosmétiques" j'étais tellement surchargée que j'ai cogné deux fois de suite dans la même semaine ma voiture en sortant de mon parking, sans parler de la piètre qualité de mon sommeil, de mes migraines ophtalmiques et j'en passe. Un divorce et un départ de Paris plus tard, j'ai enfin pu mettre le doigt sur mon thème singulier, la créativité du corps et plus largement les intelligences alternatives. Mon sens du travail à moi, c'est de développer la créativité des personnes pour qu'elles trouvent ... leur propre sens du travail. Je me sens enfin utile, valorisée, à ma place, équilibrée, et je sais que ce que je fais ne nuit pas au vivant. J'utilise même la connexion au vivant dans mes accompagnements, grâce à la marche d'inspiration.
Alors, comment retrouver du sens au travail ?
Le mieux est de commencer par la prise de conscience de chaque dimension du sens dans votre emploi actuel: suis-je utile ? Respecté ? À ma place ? Quel est mon équilibre entre vie pro et perso ? Mon travail nuit-il au vivant ? Et pour chaque dimension pour laquelle la réponse est "non", imaginez ce que vous pourriez faire de plus similaire possible à ce que vous faites aujourd'hui mais à des conditions qui vous feraient répondre "oui".
Un dernier conseil: n'oubliez pas les autres sphères de votre vie. Ce qui compte, c'est le sens de votre vie, et que celui-ci se diffuse, entre autres, dans la sphère du travail.
Je suis Chiara, créatrice d'Art de l'Itinérance©. J’accompagne les personnes en quête de sens à trouver leur voie par la marche d’inspiration et d'autres techniques de créativité. J’interviens en atelier collectif de transition professionnelle, en bilan de compétences et en accompagnement personnalisé basé sur le mentoring créatif.
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