(c) Katie Wallace pour Unsplash
Changer de job ou changer de vie ?
Une question que beaucoup de personnes se posent en ce moment.
La perte de sens au travail, un management qui demeure deshumanisant malgré les investissements en coaching de tout genre (cela reste un mystère pour moi, vu le nombre de professionnels que nous avons la chance d’avoir !), la priorité qui devient de plus en plus claire à notre survie sur une planète qui étouffe...
Et si le vrai enjeu était non pas notre mode de travailler, mais notre mode de vie ? Non pas notre projet professionnel, mais notre projet de vie ...
L’impact que nous avons sur notre environnement, physique et humain, la manière que nous avons d’entrer en relation avec les autres, l’importance donnée à chaque sphère de notre vie ?
Et si, au lieu de changer de poste ou secteur, le vrai enjeu était de changer sa posture vis-à-vis de cette seule existence que nous avons ? De ne pas la gâcher ?
Dit comme ça, cela peut sembler un chouia exagéré.
Mais dans la réalité, ce sont ces mots que j’entends de la bouche des personnes qui m’interpellent pour un bilan de compétences ou un accompagnement personnalisé.
Au fur et à mesure, je me suis dit que la vraie question que je dois me poser en tant que professionnelle, ce n’est pas tant : « comment accompagner au mieux la reconversion professionnelle » ? Mais « la reconversion professionnelle, ok, mais pour faire quoi ? » voire même « Pour vivre comment ? »
Vous souvenez de mon précédent article sur les modèles de chemin de la transition professionnelle ? Je vous présentais alors le modèle de l’impasse et de la boucle, très fréquents, et qui débouchent au mieux sur une remobilisation sur le poste actuel, avec des ajustements des autres sphères de la vie de la personne. C’est souvent comme ça que l’on commence sa transition professionnelle, qui ne peut advenir, la plupart du temps, que par itérations successives.
Deux autres modèles de chemin, que je vais vous présenter ici, permettent de pivoter vers un nouveau projet professionnel, et surtout de vie : l’étoile et l’aller-retour.
L’étoile
(c) Romain Gal pour Unsplash
Souvent, lorsqu’on songe pour la première fois à une transition professionnelle, on est un peu perdus. Nous avons une idée vague de ce que ce nouveau projet professionnel pourrait nous apporter, et des valeurs sur lesquelles il serait construit, mais nous n’avons pas d’idée précise du type de poste ou secteur qu’il concernerait.
De plus, l’on craint l’insécurité financière et la perte de statut social.
Dans ce cas, l’idée est de conserver le poste actuel, à temps plein ou partiel selon les besoins, tout en commençant à explorer d’autres pistes, à la fois professionnelles et de mode de vie.
La créativité est alors d’une grande aide, car à partir du cadre de départ, elle permet de générer beaucoup d’idées. N’oublions pas qu’il n’y a pas de créativité sans cadre. Il faut bien sortir de quelque part !
Un peu comme quand on passe des vacances actives à la montagne : on loue un gîte dans un lieu stratégique, et chaque jour nous faisons une randonnée différente pour quadriller les environs (toute référence à mes prochaines vacances est purement imaginaire héhé).
Pour partir en exploration, rien de mieux que de trouver des personnes qui travaillent dans les pistes envisagées, et qui sont des modèles aussi dans un choix de vie alternatif. Et pour les trouver, rien de mieux que de demander au propriétaire du gîte... enfin le consultant, si on veut filer la métaphore. En tant que consultante, je me positionne toujours comme mentor, et un des rôles du mentor est celui de mettre en relation le mentee avec des personnes de son réseau professionnel... qui deviennent à leur tour des mentor !
Une fois « quadrillé » le territoire potentiel, la « vacance » est terminée, et elle nous aura convaincu.e (ou pas) de la pertinence d’en choisir une partie pour s’établir de manière définitive, et changer ainsi de « lieu » de travail (et de vie ! Là aussi, toute référence avec un projet personnel et purement imaginaire ...)
Ce modèle de chemin de transition professionnelle est à la fois rassurant et extrêmement créateur. Savoir que l’on a toujours une base nous permet plus d’audace et imagination pour explorer le champ du possible.
L’aller-retour
(c) Francesco Gallarotti pour Unsplash
C’est le modèle rêvé me direz-vous !
C’est le cas du candidat qui a déjà un nouveau projet professionnel en tête. Et qui souhaite le valider.
Dans ce cas, déformation professionnelle de facilitatrice en créativité oblige, je me dis tout de suite que mon rôle ça va être de rouvrir malgré tout des options alternatives, de challenger ce projet jusqu’au bout, jusqu’à être sûre d’y avoir mis tout le potentiel de la personne et du territoire auquel il se destine.
La première question que je pose dans ce cas c’est : « qu’est-ce qui vous manque le plus en ce moment ? », et ensuite, une fois la réponse obtenue, « en quoi ce nouveau projet pourrait l’apporter ? »
Très souvent, il y a un blanc. Oui, parce que les nouveaux projets professionnels, vous savez, peuvent être autant le fruit d’un réel besoin que d’une réelle... projection. Même si ce nouveau projet est né d’un inconfort profond, qui touche les sphères les plus personnelles de la personne, le projet envisagé reste souvent « prisonnier » d’impératifs matériels et statutaires, ou de valeurs transmis par l’éducation familiale, ou d’attentes de l’entourage...
Ces deux premières questions sont donc décisives. Elles créent une brèche dans la conviction de départ, une situation de crise qui est la situation rêvée pour que la créativité opère, et qu’elle aide à concevoir un véritable nouveau projet de vie.
Et ce n’est que le début. Même s’il n’y a qu’un projet, une destination, celle-ci changera en cours de voyage, nourrie par les découvertes faites en chemin. Le chemin fabrique la destination, et c’est ça, l’Art de l’Itinérance !
À bientôt pour 2 derniers modèles de chemin !
Comments