Entre passage en force par un mental d'acier et résignation, d'autres voies existent pour surmonter la peur du changement dans le domaine professionnel et au-délà, dans sa vie.
Pendant toutes les années où j'ai travaillé comme salariée, j'ai éprouvé le regret de ne pas avoir poursuivi mes études universitaires jusqu'au Doctorat. Je vous parle de quatorze ans pendant lesquels, à plusieurs reprises, j'ai pris un RTT pour assister à un colloque universitaire et espérer renouer avec le monde de la recherche. J'ai obtenu des rendez-vous et rencontré des potentiels directeurs de thèse. Mais je n'ai jamais sauté le pas. Pas pendant ces quatorze années.
Pourquoi je n'ai pas la sauté le pas ? Parce que j'avais peur. Peur de quitter une situation professionnelle stable, un bon niveau de vie, un certain statut social. Peur de ne pas correspondre au niveau intellectuel attendu dans les études doctorales, de ne pas réussir à passer les concours en fin de cursus, de me retrouver à l'autre bout de la France avec un salaire divisé par deux. Sans parler de la peur de devoir changer les habitudes de ma famille avec un enième déménagement.
Puis ma situation personnelle a changé, j'ai divorcé, je me suis retrouvée au fond du trou, et, grâce à une psychothérapie et quelques pilules magiques, j'ai réussi à remonter la pente. Un jour de février 2009 je suis sortie sur la terrasse de la maison de ma maman en Italie, près de Venise. C'était le soir, il faisait froid et humide, mais ça sentait aussi le parfum de la mer. J'ai pris une grande inspiration et j'ai ressenti le frémissement d'une nouvelle énergie, positive et constructive. C'est à ce moment là que j'ai compris que j'étais guérie. Quelques mois après, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon deuxième mari, deux ans après nous avons déménagé (comme quoi!) et une nouvelle vie a commencé pour moi.
J'ai ressenti suffisamment de force en moi pour aller au combat contre mes peurs liées au changement de statut professionnel. Après tout, je n'étais pas seule, je pouvais me permettre de gagner un peu moins pendant quelques années. J'ai quand même crée une activité de conseil pour "rester dans le coup". Je me suis dit que j'allais finir pour trouver un poste dans une des universités de ma région. J'ai pris mon téléphone et contacté des professeurs. J'ai déroulé mon speech. Pour eux, c'était servi sur un plateau d'argent: une thématique "tendance" (le voyage en itinérance), et un auto-financement. Il n'y avait plus de peurs, plus d'obstacles. Et j'ai repris mes études. J'ai démarré une thèse de Doctorat.
Les premières années de cette nouvelle vie se sont bien passées. Je surfais sur la vague. Je me sentais libre, je profitais de l'espace de créativité que la thèse avait dégagé. Petit à petit, j'ai "switché" dans ma tête et j'ai fini par clore la société de conseil. J'ai commencé à rédiger le texte de la thèse. Et là, ça a commencé à clocher.
Pendant l'écriture de ma thèse, et les deux années de CDD de recherche qui ont suivi, je ne me suis plus sentie ni libre ni créative. J'ai eu peur d'avoir fait une erreur. Des contraintes de toute part, une intellectualisation de tout et n'importe quoi, des "on ne fait pas ça" et "on fait comme ci". J'ai tenu le coup, j'ai essayé jusqu'au bout, mais ça n'a pas marché.
J'ai travaillé sur moi à l'aide des techniques créatives que j'avais pu développer grâce à ma thèse, et notamment le dessin de transformation. Cette technique consiste à donner forme et couleurs à ses peurs en les dessinant sur une feuille. Puis, sans plus réflechir au sens du dessin, on le refait en version harmonieuse, jolie, constructive, lumineuse. Seul.e ou, mieux encore, à l'aide du feedback d'un groupe bienveillant, on associe des évocations à la transition du premier au deuxième dessin. Ces évocations nous mettent sur la piste de l'antidote, qui est la peur transformée en levier de développement d'un nouveau projet professionnel.
En d'autres termes, on ne cherche pas des manières de "contrer" ses peurs en s'aidant du mental, c'est à dire de toutes les pensées et les histoires que l'on se raconte, et qui n'ont rien en commun avec les peurs, qui sont des émotions. On se laisse plutôt guider par notre intelligence émotionnelle qui s'exprime par le visuel et notamment par les formes et les couleurs. Et nous parvenons à trouver l'antidote, qui est un projet alternatif: ni celui qui nous fait peur, ni son opposé le status quo.
La peur est une émotion, et chaque émotion est un signal d'alerte qu'il y a quelque chose de sous-jacent à retravailler, à réorienter, pas à jeter ou changer radicalement mais à mieux cibler, peut-être réparer.
Les peurs qui avaient ressurgi m'ont mise sur la piste d'une réorientation de posture professionnelle. Je n'avais pas envie d'incarner la posture descendante de l'enseignant ou du chercheur, ce n'était pas moi. C'était la posture valorisée dans mon éducation, ma culture, mon milieu social. Moi, je voulais transmettre, faciliter, accompagner. C'est pour ça que j'avais peur.
Sans passer par l'intelligence émotionnelle, me limitant eu mental, je n'aurais jamais crée Art de l'Itinérance. Je n'aurais jamais aidé des dizaines de personnes à mettre le doigt sur leur sujet de réorientation et de réparation. Je n'aurais jamais vu les étincelles et les sourires illuminer leur visage quand on le trouve et qu'on commence à le déployer. Et autant souri moi-même !
Depuis quelques années désormais je dessine mes peurs, mes incertitudes, mes doutes, les obstacles que je vois apparaître dans mon chemin de vie, professionnelle ou personnelle. Et je transforme, j'alchimise, je fais fructifier, je crée. Il ne me reste plus qu'à vous inviter à faire de même !
Je suis Chiara, créatrice d'Art de l'Itinérance. J’accompagne les personnes en quête de sens à trouver leur voie par la marche d’inspiration et d'autres techniques de créativité. J’interviens en atelier collectif de transition professionnelle, en bilan de compétences et en accompagnement personnalisé vers la création d’une activité indépendante.
Envie de tester mes techniques créatives ? Tu peux télécharger l'exercice du dessin transformateur des peurs ou participer à nos ateliers découverte. Toutes les infos ici.
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